Comment est née la méthode kangourou en Colombie ?

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Fin des années 70, à Bogota une équipe médicale met au point la méthode kangourou qui sera pratiquée et rapportée par la suite par la pédiatre Nathalie Charpak.

La méthode kangourou a vu le jour en Colombie, à Bogota, à la fin des années 1970. Comme les petits marsupiaux, les bébés qui naissaient avant terme finissaient de grandir contre leur maman comme dans une « poche », d’où le nom de la méthode.

En Colombie, et dans d’autres pays à la situation économique équivalente à l’époque, les incubateurs étaient en nombre insuffisant et leur coût de fonctionnement très élevé d’où l’idée de substituer les couveuses à un portage quasi ininterrompu pratiqué par les parents à leur domicile.

Les conditions pour que le bébé puisse quitter sa couveuse étaient que son état de santé soit stable et qu’il sache téter. Peu importaient son terme et son poids au moment de la sortie. Seule la thermorégulation restait encore à acquérir et était compensée par la peau du père et de la mère en portage.

Les conditions pour les parents, en revanche, étaient assez drastiques. Il fallait que l’enfant soit porté en permanence en position verticale de jour comme de nuit, ce qui impliquait pour le parent de dormir en position semi-assise. Le bébé devait être sorti de son portage a minima(1) pour changer de porteur ou pour les soins d’hygiène les plus élémentaires, sans jamais le baigner. Il fallait qu’il soit réveillé pour être nourri tous les deux heures. L’allaitement maternel était fortement encouragé.

Les parents de prématurés prêts à appliquer cette méthode pouvaient donc rentrer assez vite à domicile avec leur bébé, ce qui permettait à l’enfant de retrouver rapidement son environnement familial. Il y avait un suivi médical très fréquent afin de contrôler la croissance, l’alimentation de l’enfant et vérifier que la méthode était suivie correctement.

Au bout de plusieurs semaines en général, quand l’enfant commençait à prendre appui sur ses mains et sur ses pieds pour vouloir s’extirper du portage, c’était le signe qu’il était prêt à découvrir le monde. Souvent, cela correspondait à peu près à la date à laquelle il aurait dû naître.

Cette méthode a extrêmement bien fonctionné en Colombie, si bien que le monde entier a voulu s’en inspirer. En France, à l’heure actuelle, les unités kangourous dans les hôpitaux existent. Cependant, c’est le rapprochement mère-enfant qui prédomine, plus que la substitution à un matériel insuffisant ou l’encouragement de l’allaitement maternel. C’est pour cela que le portage y est pratiqué, mais pas de façon systématique et surtout, pas sur des durées aussi longues. Finalement, même si le terme kangourou est utilisé, on est quand même loin de la méthode colombienne et de ses principes.

(1) Expression utilisée dans La Méthode Kangourou, Comment les mères des enfants prématurés se substituent aux couveuses, Nathalie Charpak, Zita de Calume et Annick Hamel, Éditions ESF (1996).

 

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